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La démocratie radicale : lire John Dewey
A son tour, le public français découvre l'importance philosophique et politique de l'ouvre de John Dewey (1859-1952). Convaincu que les évolutions que le libéralisme a connues, et surtout celles qui lui semblaient à venir, sont susceptibles d'être modifiées en profondeur, Dewey en appelle à l'"intelligence sociale " : comprendre les sources et les ressources du changement, c'est refuser d'abdiquer devant les tâches qui sont les nôtres en tant qu'êtres humains et de consacrer définitivement un ordre du monde de plus en plus clos et insupportable. Défenseur de la démocratie radicale, opposé au communisme sur la question des moyens, dans leur relation avec les fins, de la démocratie et de la violence, il pointe les processus à la faveur desquels les pensées émancipatrices se convertissent assez communément dans l'histoire en entraves au changement et à l'émancipation, notamment du fait des rapports qui se nouent entre des idées et des intérêts. Dans toutes ses analyses, l'émancipation est un maître mot ; il renvoie à une philosophie de l'enquête et de l'expérience qui en éclaire les processus, en dénoue les entraves ; il attribue à l'intelligence et à la connaissance un rôle social que les sciences du même nom doivent assumer grâce à une fonction critique qui ne se confond pas avec la dimension d'expertise qu'elles tendent à remplir en particulier dans nos démocraties qui ont substitué les fonctions de l'expert aux vertus de l'enquête et de la libre discussion, vidant ainsi la fonction politique de son contenu. La radicalisation du libéralisme comme la radicalisation de la démocratie se condense en une maxime : les moyens propres au fonctionnement des sociétés démocratiques, délibératives et participatives, doivent être à la mesure et à l'image de leurs fins. En même temps que cet ouvrage paraissent dans la collection "Bibliothèque de philosophie" les Ecrits politiques de John Dewey.