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Traité des sensations
En 1754, Étienne Bonnot de Condillac est un philosophe reconnu, que Diderot aime à citer. L’Essai sur l’origine des connaissances humaines et le Traité des systèmes lui ont assuré une réputation d’excellence qui dépasse le cercle des savants et lui a valu dès 1752 la charge délicate et convoitée de censeur. La publication du Traité des sensations va le magnifier encore : sa « statue odeur de rose » devient le symbole d’un siècle philosophe et poète. Dédié à Mademoiselle Ferrand à laquelle Condillac dit devoir le projet de l’ouvrage, le Traité analyse méthodiquement les sensations par l’artifice d’une fiction : il met en scène les métamorphoses d’une statue de marbre se muant, par l’éveil progressif de ses sens, en animal avisé veillant lui-même à sa conservation. Au fil de l’expérience, la variation des plaisirs et des peines développe « le germe de tout ce que nous sommes ».